Vers une agriculture bas carbone aux portes de paris
Les sols agricoles représentent plus de 53 % de la surface du territoire français et constituent un levier important de lutte contre le changement climatique grâce, notamment, à leur capacité de stockage du carbone.
Dans ce sens, Terre et Cité a piloté en 2019 une étude de faisabilité offrant à voir les perspectives de projets agricoles vertueux pour le climat sur le Plateau de Saclay pouvant être financés grâce au mécanisme de la certification carbone par des acteurs économiques locaux (entreprises, établissements d’enseignement supérieurs, laboratoires de recherches, etc.). L’étude de faisabilité a montré l’intérêt de la compensation carbone sur le territoire du Plateau de Saclay d’un point de vue agronomique comme financier.
Terre et Cité travaille ainsi depuis 2017 avec les agriculteurs, des experts, des collectivités et les services de l’État pour valoriser le stockage de carbone dans les sols agricoles ainsi que la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) des fermes du Plateau de Saclay dans le cadre de la compensation carbone volontaire. Ainsi, au-delà de la contribution à l’atténuation du changement climatique, ce projet est un autre moyen de faire se rencontrer l’agriculture et les différents acteurs urbains du Plateau de Saclay.
Qu’est-ce que la certification carbone ?
Le mécanisme de certification carbone permet de financer les changements de pratiques des agriculteurs afin d’aller vers une agriculture “bas-carbone” par la vente de crédits carbone (des unités de réduction d’émissions de GES) à des entreprises, collectivités, ou encore des établissements d’enseignement et de recherche.
L’engagement de Terre et Cité
En lien avec l’I4CE (Institute for Carbon Economics) et le cabinet de conseil Carbone 4, Terre et Cité a suivi le développement de ce label et était présente lors de sa première présentation par le Ministre de la transition écologique et solidaire. Terre et Cité a également été associée à la préparation de la méthode sur les Grandes Cultures en tant que membre du Comité des Usagers.
En agriculture, des méthodes ont été développées pour la compensation carbone dans différents secteurs : élevage bovin, grandes cultures, gestion durable des haies, etc. Terre et Cité a décidé d’accompagner les agriculteurs en grandes cultures. En effet, il s’agit en surface des cultures majoritaires sur le territoire et des actions de réduction de l’impact environnemental dans ce domaine sont très attendues. La sortie de méthodes sur le maraîchage et le petit élevage serait également intéressante pour Terre et Cité, car cela correspond bien à la récente diversification des acteurs agricoles du Plateau de Saclay. Comme l’indique la méthode Grandes Cultures sortie en 2021, les agriculteurs qui souhaitent être certifié bas-carbone en grandes cultures peuvent agir, entre autres, sur la gestion des engrais et la consommation des combustibles fossiles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et sur les couverts végétaux en interculture ou les résidus de culture pour augmenter la séquestration du carbone dans le sol.
Bilans de GES effectués sur le plateau de Saclay
Ces bilans carbone, réalisés avec les outils PilotAgro (pour les grandes cultures) et CAP’2ER (pour l’élevage bovin), leur permettent de mesurer l’impact climatique de leur exploitation et d’identifier les voies de progrès possible pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. De plus, ils constituent un point de départ essentiel pour les agriculteurs souhaitant s’engager dans la certification carbone.
Une restitution des résultats de ces bilans aux agriculteurs concernés a eu lieu en septembre 2021 et les agriculteurs ont chacun un livret valorisant leurs résultats personnels.
Collectivités qui nous font confiance
Le projet de certification carbone s’étend aujourd’hui plus largement sur l’ensemble de deux départements et une intercommunalité avec qui Terre et Cité est en partenariat. Tere et Cité porte des actions d’accompagnement à la certification carbone des agriculteurs de ces territoires.
Les dates clés :
2016 : la demande du GIEC
2017 - 2019 : l'étude de faisabilité
Etude de faisabilité des projets de compensation carbone sur des territoires agri-urbains
- le GAL Seine Aval ;
- Coeur d’Essonne Agglomération ;
- la Plaine de Versailles ;
- le Plateau de Saclay.
Ils rassemblent 132 communes et 340 agriculteurs sur 95 000 hectares, dont 30 à 58 % sont des terres agricoles, et 21 à 52 % des zones artificialisées. Dans le cadre de l’étude, 24 agriculteurs, représentant tous les territoires, ont été interrogés.
Le comité de pilotage de cette étude était constitué des territoires partenaires, de la chambre d’agriculture d’Île-de-France, de l’ADEME, de l’Essonne, d’une représentante de l’unité technique du GT1 du GIEC, des agglomérations partenaires de Terre et Cité, de l’INRAE, du CEREOPA, et de Carbone 4. L’I4CE a également participé à certains comités de pilotage.
Cette étude, restituée en décembre 2019 à des entreprises localisées sur le Plateau de Saclay, a montré l’intérêt à la fois agronomique et socio-économique de la mise en place de la compensation carbone sur le territoire. L’étude est composée en elle même de trois parties :
- une étude technique sur le potentiel de stockage de carbone dans les sols, et le choix des pratiques culturales pour cela ;
- une étude sociologique pour comprendre dans quelle mesure les agriculteurs sont prêts à faire évoluer leurs pratiques agricoles en vue de contribuer à la mitigation du changement climatique ;
- et une étude socio-économique auprès des entreprises, pour caractériser l’offre et la demande locale en compensation carbone, et l’intérêt porté par les potentiels financeurs à ce sujet.
Conclusion des études :
Etude Technique, réalisée par l’INRAE et CEREOPA :
Les pratiques agricoles sont les suivantes :
- substitution d’engrais par l’urine ;
- compostage ;
- réduction du travail du sol ;
- semis directs ;
- couverts végétaux ;
- optimisation de la fertilisation ;
- réduction des apports d’azote avec perte de rendement ;
- légumineuses ;
- inhibiteurs de nitrification ;
- méthanisation ;
- bandes enherbées intra-parcellaires, etc.
Les pratiques identifiées par l’étude pour leur potentiel de compensation pour les territoires concernés sont les couverts végétaux, et les inhibiteurs de nitrification, et avec plus de réserves, la substitution de l’engrais par l’urine, les semis directs, l’implantation de légumineuses, et l’implantation de bande enherbées intra-parcellaires.
Etude socio-économique auprès des entreprises, réalisée par Carbone 4 :
- Les financeurs sont davantage intéressés par les secteurs agricole et forestier pour la compensation carbone, et notamment par la dimension locale des projets, ainsi que par les co-bénéfices environnementaux qu’ils peuvent apporter.
- L’enjeu du prix est très important pour les financeurs. Ils souhaitent généralement financer des projets de qualité, mais ne sont pas forcément prêts à mettre le prix nécessaire pour cela.
- Il y a une certaine méconnaissance des mécanismes de compensation carbone chez les entreprises.
- L’image de la compensation portée par le Label Bas-Carbone nécessite donc certainement un travail de sensibilisation auprès des acteurs économiques privés.
Étude sociologique auprès des agriculteurs, réalisée par Terre et Cité :
- Un certain niveau de connaissance sur les enjeux du climat et des principes de la compensation est nécessaire pour permettre aux exploitants de se positionner sur la certification carbone.
- Les agriculteurs sont prêts à mettre en place plusieurs pratiques agricoles pouvant bénéficier de financements de la certification carbone. Une partie d’entre elles a besoin d’être approfondie.
- Lorsqu’ils sont accompagnés dans ces démarches par des tiers de confiance, les agriculteurs sont prêts à agir.
L’étude a montré qu’il y avait un intérêt du point de vue technique à faire de la compensation en grandes cultures, ce qu’a confirmé la rédaction de la méthode grandes cultures. Elle a également montré que les agriculteurs sont prêts à agir et que les entreprises sont enclines à acheter des crédits carbone agricoles et locaux. Il reste néanmoins un important travail de sensibilisation et d’accompagnement à réaliser et c’est ce sur quoi Terre et Cité agit aujourd’hui.
Restitution de la compensation carbone aux entreprises du Plateau de Saclay
Les territoires de l’étude
Coeur d’Essonne Agglomération, le Groupe d’Action Local de Seine Aval, l’Association Patrimoniale de la Plaine de Versailles et du Plateau des Alluets et l’Association Terre et Cité du Plateau de Saclay
Un projet soutenu par
L’université Paris Saclay (UT du GT1 du GIEC), l’ADEME, le Département de l’Essonne et l’ensemble des territoires partenaires
Les partenaires du projet
L’INRA, le CEREOPA, la Chambre d’Agriculture de Région d’Ile-de-France et Carbone 4